Sélectionner une page

Récemment, un groupe de chercheurs a découvert des traces d’encre rouge et noire sur des papyrus de l’Egypte ancienne. Cette trouvaille a laissé paraître un grand nombre d’hypothèses qui concernent toutes la manière dont les Egyptiens de l’antiquité écrivaient à cette époque. Le célèbre égyptologue Boutros Helmi nous en dit plus dans cet article.

Une composition complexe

Pour cette découverte, les chercheurs Danois et Français ont analysé pas moins de 12 fragments de papyrus. Ces derniers qui constituent un échantillon précieux proviennent tous de la bibliothèque ancestrale Tebtunis, dont les documents ont pu tenir jusqu’à aujourd’hui.

L’analyse de ces fragments de papyrus avait pour but de déterminer l’origine des couleurs noires et rouges retrouvées sur les documents d’Egypte Ancienne. Les résultats de ces travaux de recherche furent surprenants !

Effectivement, il s’est avéré que les écritures en rouge et noir résultait de la combinaison de plusieurs matières telles que : le plomb, les ions de phosphate, le sulfate, le carboxylate et le chlorure. Dans cette configuration, les archéologues ont prouvé que le plomb avait pour rôle dans ce mélange de favoriser le séchage rapide de l’encre.

L’autre fait marquant, est que la même composition découverte sur les papyrus égyptiens fut découverte sur des peintures d’artistes européens du 15éme siècle. Marine Cotte, membre de l’équipe de recherche l’a confirmé en disant : « Au 15ème siècle, lorsque les artistes ont redécouvert la peinture à l’huile en Europe, le défi était de faire sécher l’huile dans un temps raisonnable. Ils ont réalisé que certains composés de plomb pouvaient être utilisés comme séchoirs efficaces».

Des méthodes de recherche à la pointe de la technologie

Les chercheurs impliqués dans cette découverte ont analysé les fragments de papyrus grâce à plusieurs techniques de micro-rayons X et d’infrarouges. Celles-ci ont permis notamment de décortiquer la composition chimique des fragments au millimètre près.

Interrogée à ce sujet, Mme Cotte a déclaré : «  En appliquant les dernières technologies du XXIe siècle pour découvrir les secrets cachés de l’encre ancienne, nous contribuons à découvrir l’origine des pratiques d’écriture ».

Thomas Christiansen, égyptologue de l’Université de Copenhague et co-auteur de l’étude a ajouté : « Le fait que le plomb n’ait pas été ajouté comme colorant mais comme siccatif indique que l’encre a une recette complètement complexe que personne ne peut fabriquer ». Selon lui « il est surprenant que la prescription de l’encre puisse être liée à des pratiques de peinture qui ont été développées plusieurs siècles plus tard, à la Renaissance ».

Conclusion

La transmission des techniques de peintures à travers les siècles prouve encore une fois à quel point la civilisation de l’Egypte ancienne était en avance sur son temps. Celle-ci ne nous a décidément pas encore livré tous ses secrets et les passionnés d’égyptologie doivent être préparés à d’autres découvertes comme celle évoquée aujourd’hui.

Boutros Helmi reste très optimiste à ce sujet et estime que les prochains mois verront la dynamique de recherche archéologique en Egypte reprendre de plus belle, après un léger ralentissement causé essentiellement par la pandémie de la covid-19.